Le Petit Facteur des Sourires

Dans une ville grise où personne ne se parlait vraiment, vivait Tom, un petit garçon aux cheveux ébouriffés et au regard pétillant. Un dimanche pluvieux, sa maman lui demanda de ranger le vieux grenier poussiéreux. Entre les cartons et les toiles d'araignées, quelque chose attira son attention : un sac de facteur en cuir usé, décoré d'étoiles dorées.

"Oh là là ! Enfin quelqu'un me trouve !" s'exclama soudain le sac, faisant bondir Tom de surprise. "Je suis Sacci, le sac postal magique, et je cherchais justement un nouveau facteur des sourires. Les autres enfants ont eu peur quand je leur ai parlé, mais toi, tu n'as pas fui !"

"Un sac qui parle ?" murmura Tom, les yeux écarquillés. "Et c'est quoi, un facteur des sourires ?"

Sacci s'ouvrit tout grand, révélant un intérieur qui brillait comme un ciel étoilé. "Regarde ces lettres magiques et ces timbres spéciaux", expliqua-t-il. Les timbres scintillaient de mille couleurs, changeant de teinte selon la lumière. "Chaque lettre contient un message qui peut transformer la tristesse en joie. Mais attention, elles sont un peu... espiègles !"

Tom enfila fièrement le sac et commença sa première tournée. Sacci lui racontait des histoires fascinantes sur tous les facteurs des sourires qui l'avaient porté avant lui. "Il y a eu Marie la Courageuse, qui distribuait des lettres même sous la pluie, et Pierre le Rieur, qui faisait des blagues aux chiens du quartier !"

Leur première destinataire était Madame Grognon, la boulangère qui n'avait pas souri depuis que son chat avait disparu. "Prépare-toi", chuchota Sacci, "les lettres adorent faire des chatouilles quand on les ouvre !"

À peine Madame Grognon eut-elle décacheté l'enveloppe que celle-ci se mit à vibrer joyeusement. "Hihi, hoho !" Elle ne pouvait plus s'arrêter de rire. Le message disait : "Chère Madame Grognon, votre pain sent si bon qu'il a guidé votre chat jusque chez moi. Il vous attend à la maison !" C'était signé par Monsieur Paul, le vieux monsieur du bout de la rue.

Jour après jour, Tom et Sacci parcouraient la ville. Ils apportèrent une lettre à la petite Lisa, terrorisée par son premier jour d'école : le message contenait des dessins magiques d'enfants qui devenaient ses amis. Le professeur de musique reçut une partition qui jouait toute seule une mélodie réconfortante. Même le maire, toujours pressé, ralentit enfin quand il reçut une lettre qui dansait la valse !

Les timbres brillaient de plus en plus fort à chaque sourire déclenché, comme des petites lucioles de bonheur. Tom remarqua que les gens commençaient à lever la tête, à se saluer, à discuter dans la rue. Les jardins semblaient plus colorés, les oiseaux chantaient plus fort.

Un matin particulier, alors que Tom ouvrait sa boîte aux lettres, une enveloppe dorée en sortit en virevoltant. Elle le chatouilla si fort qu'il roula par terre de rire. À l'intérieur, il découvrit des dizaines de messages : "Cher Tom, grâce à toi, j'ai retrouvé mon chat." "Tom, depuis ta lettre, je me suis fait plein d'amis à l'école !" "Mon cher facteur des sourires, la musique résonne à nouveau dans ma vie."

Les habitants avaient une proposition : ils voulaient tous devenir des facteurs des sourires ! Sacci était si ému que des petites étincelles dorées s'échappaient de ses coutures. "C'est la plus belle chose qui me soit arrivée !" sanglota-t-il de joie.

Bientôt, un véritable réseau de bonheur se mit en place. Les enfants écrivaient aux personnes âgées, qui écrivaient aux commerçants, qui écrivaient aux enseignants... Chaque lettre contenait un peu de magie, chaque message apportait un sourire.

"Tu vois", confia Sacci à Tom un soir étoilé, "parfois la plus grande magie se cache dans les plus petites attentions." Et depuis ce jour, chaque fois qu'une lettre est ouverte dans la ville, on peut entendre un rire cristallin et voir un arc-en-ciel de sourires illuminer le ciel.

La ville n'était plus grise du tout - elle était devenue la plus colorée et la plus joyeuse de toute la région, grâce à un petit garçon, un sac magique, et le pouvoir extraordinaire des mots gentils.

FIN

À bientôt pour de nouvelles histoires !